a. Son apparition et développement
Comme il l'a été dit dans l'introduction, il apparaît dès l'Antiquité avec des mythes comme celui du roi Lycaon. Sanguinaire, ce roi reçoit Zeus dissimuler sous la forme d'un humain et qui, après avoir été reçu dans la maison du roi, se déclare être le roi de dieux. Voulant éprouver cette affirmation Lycaon sert à manger au dieu de la chair humaine. Outré, Zeus transforme le banni de l'humanité en le transformant en loup, animal tout aussi sanguinaire qui décime les troupeaux. Mais cette malédiction ne s'arrête pas là. Lycaon est aussi condamné à garder le souvenir de sa condition humaine. Dès les temps anciens le symbole de la métamorphose apparaît comme une représentation de l'exil par rapport aux hommes tout en gardant un lien avec ces derniers. La personne qui se transforme est mise en marge de la société. Loin de se concentrer sur les bords de la Méditerranée, le mythe du loup-garou trouve aussi sa place en Islande où un texte du XIIIeme siècle relate l'histoire d'un ours-garou. De même au Vème siècle en Chine un fonctionnaire se transforme en tigre. Au Moyen-Age la peur ne fait que de s'accroître dut à la croyance maladive à la sorcellerie et au diable. Le loup-garou est alors quelqu'un qui subi une malédiction ou qui doit expier ses pêchés. Il est d'ailleurs souvent dit que les malédictions dure sept ans (le chiffre 7 possède une grande valeur symbolique dans la plupart des civilisations et religions, il représente souvent la perfection) ou que les garous doivent "chaque nuit parcourir sept paroisses et faire le tour de sept clochers".
Luis Royo
b. Attributs du loup-garou
Sous sa forme humaine, le loup-garou passerait pour avoir des sourcils qui se rejoignent, des paumes de mains poilues avec des pouces courts, ainsi que les oreilles plus en arrière que la normale. Tous les prétextes d'anormalité étaient bons à prendre. De même certaines naissances sont plus à même de donner un loup-garou. Le septième enfant d'une fratrie par exemple serait destiné à en être un (retour du chiffre sept), les enfants nés de mariages interdits, de prêtres par exemple se transformeraient tous les sept ans ou encore ceux nés "coiffés" avec le placenta sur la tête. Quand il ne court pas les forêts, le loup-garou aurait sa fourrure cachée entre la peau et la chair, il suffirait simplement de retourner sa peau afin de devenir loup.
La transformation en elle-même relève de croyances multiples. Parfois il faudrait se rouler dans le sable ou la vase, ou encore sauter par-dessus un tronc d'arbre plusieurs fois en entonnant une incantation. Plusieurs textes font aussi mention d'un gant ou d'une ceinture en peau de loup avec lequel on se frapperait afin de se métamorphoser. Une légende plus répandue est celle de revêtir une peau de loup. Pendant que la personne est sous sa forme animale, plusieurs croyances avance que si le garou ne retrouve pas ses vêtements lors de son retour pour reprendre forme humaine, il est condamné à rester loup.
Tué un loup-garou n'est pas chose facile, la balle en argent béni est le moyen le plus répandu et qui semble le plus sur. Au XIXem siècle en Picardie et en Gascogne par exemple, il suffirait de faire saigner le loup-garou pour que la personne soit libérée de sa malédiction.
La légende de la transformation à la pleine lune ne se retrouve que très rarement dans les textes anciens, souvent les garous se transforment à leurs guises ou tous les sept, les jours de Sabbat suivant les malédictions reçues.
c. Son image dans la pensée collective
Comme pour les descriptions physiques, l'image du loup-garou dans la pensée collective va dans le même sens.
Le loup-garou possède une réputation très semblable à celle du loup, avec en plus une dimension plus humaine. Associé à la violence, la brutalité, le garou abat les barrières de la morale humaine et cède devant tous les instincts primaires que l'homme a refoulés. Si au Moyen-Age le loup-garou est vu comme une créature du diable, son image a particulièrement évoluée avec le temps. Alors que l'on croyait à l'existence réelle de ces êtres la peur était complète, depuis que le loup-garou est passé au rang de créature légendaire, sa perception par les hommes est différente. D'un point de vue psychologique avec les termes de Freud, le loup-garou serait la représentation de la domination du ça sur le moi, alors que chez l'homme dit normal c'est le moi qui domine le ça. Il y a donc une domination du domaine instinctif (le ça), chez le loup-garou comme nous l'avions déjà vu, les censures sociales et morales sont outrepassées. Le phénomène de transformation peut aussi être perçu comme un dédoublement de soi.
Dans la société actuelle, la vision du loup-garou est beaucoup plus fantasmatique et moins teinté de crainte qu'auparavant. Si l'idée de prédateur carnassier est toujours présente, ainsi que celle de la violence, l'idée de virilité et du fantasme les surpasse. Le loup-garou est d'ailleurs principalement masculin et ce depuis son apparition. Il y a certes des femmes-garou mais elles sont beaucoup moins présentes, d'ailleurs, le garou possède son pendant féminin qui est le cauchemar.
Dans les romans actuels tel que la série Anita Blake de Laurell K. Hamilton, les loups-garous sont auréolés par la force brute, les lois de la "meute" ne s'accorde pas aux lois humaines. Dans ce type de roman, le loup-garou est souvent associé au désir sexuel ainsi qu'au jeu de la domination. Le lecteur retrouve tout ce que l'homme censure habituellement. Le garou serait donc une sorte de moyen d'extérioriser les frustrations liées aux interdits imposés par la société.
Cette théorie ne tient pas seulement pour notre société moderne mais dès l'apparition du loup-garou. L'enjeu psychologique est très présent à notre époque, mais alors que la croyance au loup-garou était réelle, des études on était menées pour expliquer cette métamorphose.
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